Démarche artistique

Depuis plus de vingt ans, je respire l’argile. J’ai commencé en sculptant des personnes âgées, d’immortaliser leurs expressions de tendresse, d’amour et de tristesse, « d’empreinter » dans la terre des traces de leur vie.

 Et puis, je me suis décidée à raconter des histoires, des histoires en porcelaine.

Rentrer en communion avec les éléments, la terre, le végétal, et particulièrement l’air, le souffle, qui porte et transmet la vie me permet d’exister pleinement.

 

J’ai toujours été proche de la nature, vivant aux rythmes des cycles de la vie et de son impermanence. Cette proximité a façonné mon regard sur l’univers qui s’apparente au wabi-sabi.

Au-delà du concept de l’esthétique, c’est une véritable démarche spirituelle, une sorte d’état de porosité absolue.

Elle suppose l’acceptation de la finitude des choses, de leur imperfection et de leur incomplétude.

 

Je tente d’insuffler aux objets et aux volumes leur respiration propre. De même en sublimant l’imperfection, j’abandonne le lisse au profit du rugueux, je m’éloigne du trop-plein pour favoriser le vide.

Par ce moyen d’expression, je traduis le passage entre expansion et contraction

Ma terre de prédilection est devenue la porcelaine.

La terre la plus opposée à priori à ma démarche : dure, froide, imperméable, luxueuse, presque arrogante. Mais qui justement, par sa pureté, sa finesse, sa blancheur, synthèse de toutes les couleurs, permet une écriture fine, où le sens dépasse la forme, l’immatériel transparaît le mieux. Et peut rentrer en résonance avec d’autres matériaux, comme le bois, le plexiglas, le métal.

Les œuvres portent chacune leur propre esthétique, racontent leur histoire. Mais au-delà, elles sont les lettres d’un message plus large qu’elle invite à partager.

Ce message se nourrit de tout : la biologie cellulaire, la souveraineté de la nature, le monde éthéré des estampes japonaises, le dénuement des friches industrielles, les lignes modestes de l’architecture Romane…

Dans le processus de création, je m’abandonne à un jeu d’expérimentation avec la matière, en faisant et défaisant, en provoquant des accidents. Ce rituel m’aide à me libérer des schémas de pensée et à accéder à des rencontres improbables. Alors plus légère, je crée des atmosphères flottantes, respirantes, bercées par la lumière et la transparence.

À chaque création, j’espère l’imprévisible, l’inconnu.

L’inspiration en moi, suivi de l’expiration qui m’autorise à renaître, sous une autre technique ou nouvelle expression.